Comment aider à apprendre est une problématique omniprésente à l’école et dans la vie de tout apprenant. Aider un enfant à apprendre, c’est d’abord être conscient des processus qui s’opèrent pour y parvenir.
Mémoire : capacité à acquérir, conserver et restituer des informations (Dictionnaire de psychologie, sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot, Quadrige, PUF).
Les parents ont leur rôle à jouer car ils peuvent aider leurs enfants à apprendre à apprendre. N’ayez pas en tête d’imposer votre façon de faire mais testez plutôt avec vos loulous différentes méthodes pour trouver celle qui leur convient.
Apprendre est-il une question de volonté ?
Certains parents se plaignent de ce que leur enfant n’a pas envie d’apprendre, laissant penser qu’il s’agit d’un problème de volonté. Cette question est complexe car derrière la volonté se cachent bien souvent de multiples facteurs.
D’abord rechercher des troubles médicaux
Il faut d’abord rechercher d’éventuels troubles de la santé et/ou du sommeil. La fatigue, l’anémie, un déficit sensoriel peut entamer l’énergie dont l’enfant a besoin pour se mettre à la tâche. Les causes psychologiques sont évidemment très nombreuses, parmi lesquelles le manque de confiance en soi, la peur de l’échec, une forte distanciation par rapport au réel, la sensation d’être accaparé par le travail scolaire…
Difficultés de concentration, agitation et colère sont fréquents
Dans tous les cas, l’enfant a du mal à se concentrer et à s’investir efficacement dans la mémorisation des informations. Tout se passe comme s’il ne parvenait pas à se rendre disponible. Il montre de l’apathie ou au contraire une grande agitation. Il peut s’énerver, se mettre en colère et dans ces conditions, vous l’aurez tous remarqué, impossible de leur faire entrer quoique ce soit dans le crâne.
Forcer l’enfant à travailler est contreproductif
D’ailleurs, à bien y regarder cette expression anodine montre bien la violence qui peut surgir lors de ces tentatives d’apprentissage. L’adulte fait violence à l’enfant, il ne lui laisse pas le choix et la confrontation perdure le temps que l’adulte décide d’y mettre un terme, satisfait ou non du résultat. Il n’est pas rare d’ailleurs que le lendemain, l’enfant dont on pensait qu’il savait, ne sait plus rien et plante son évaluation…
Après quelques années de pratique, je vous (re)donne mes conseils de prof.
1) Anticipation
Pensez à regarder à l’avance l’agenda de votre enfant et en fonction de ses disponibilités et des vôtres, établissez un programme ensemble. Par exemple, s’il a football le lundi soir, il devra faire ses devoirs à l’avance le week-end.
2) Fractionnement et délimitation du temps
Il est souvent utile et efficace de fractionner le travail, moins par matière que par type de travail, en distinguant travail écrit et travail de mémorisation pure, ce dernier se prêtant particulièrement au découpage et à la répétition.
3) Plages horaires spécifiques
Si possible, il faut choisir le bon moment pour faire les devoirs. Les matinées sont en général plus productives que les après-midi. Souvent les enfants accordent plus d’importance aux devoirs écrits et ont le sentiment d’avoir progressé lorsqu’ils les ont terminés. C’est pourquoi il peut être judicieux de les faire le matin. Attention toutefois à ne pas surcharger la mémoire l’après-midi. Si l’enfant a beaucoup de leçons à apprendre, il faut qu’il s’y prenne en plusieurs fois de façon brève mais répétée, étalée tout au long de la journée.
4) Prévoir une contre-partie récréative
Passez en revue avec votre enfant ce qu’il souhaiterait faire après son travail, de manière à ce qu’il se projette dans une situation agréable pour lui. Evitez le chantage consistant à promettre un dessin animé, un bonbon si le travail aboutit rapidement. Ce genre de stratégie ne fait pas long feu et s’il met deux fois plus de temps, serez-vous toujours d’accord pour manger des friandises à 19h ?…
5) Outils et supports de mémorisation
Le recours à l‘ardoise blanche est un excellent outil d’aide à la mémorisation (dictée, mots invariables, tables). Il permet d’écrire facilement et de se corriger rapidement. Les contraintes de l’écriture sont diminuées : effort musculaire allégé, absence de contrainte de taille et de ligne, disparition rapide et définitive de l’erreur.
Vous pouvez utiliser aussi du papier brouillon, mais les avantages sont moindres.
D’une manière générale, l’apprentissage d’une leçon fait appel à trois types de mémoires :
- visuelle (la leçon écrite, avec ses caractéristiques orthographiques et/ou spatiales),
- auditive (la leçon lue et répétée plusieurs fois à voix haute),
- sémantique (le sens même de la leçon).
On peut aussi y ajouter la mémoire épisodique (liée à un événement marquant : ça peut être un exemple bien choisi, soit personnel soit particulièrement éloquent) qui fait appel à l’affect.
Vous pouvez aider votre enfant en facilitant la mise en œuvre de ces trois entrées mémorielles.
Pour les dictées et listes de mots invariables vous pouvez procéder ainsi :
- l’enfant lit seul les mots en sachant que vous allez les dicter (dans le désordre)
- vous dictez et l’enfant écrit
- l’enfant se corrige lui-même à l’aide de son cahier
- à un autre moment, à l’occasion d’un trajet, vous demandez à votre enfant de vous épeler les mots
- à un autre moment, vous l’interrogez à nouveau sur les mots difficiles et ceux pour lesquels il y avait erreur ou hésitation
- vous dictez et l’enfant écrit. Ultime vérification. A 8h30 devant la porte de l’école, il peut être utile de lui rappeler quelques mots…
Pour les tables :
- l’enfant récite ses tables dans l’ordre (étape à répéter)
- vous interrogez votre enfant en l’interrogeant dans l’ordre puis le désordre d’une même table (étape à répéter)
- votre enfant s’entraîne seul en cachant ses tables (le résultat d’abord puis l’opération)
- vous interrogez votre enfant dans l’ordre puis dans le désordre d’une même table (étape à répéter). Bilan sur les erreurs (à retravailler à tout moment par petites touches : gymnastique, danse, trajet, douche, repas…)
- votre enfant s’entraîne seul avec ses propres rituels
- vous interrogez votre enfant dans le désordre, toutes tables confondues
6) La répétition
Le processus de mémorisation n’est achevé que lorsque les informations sont stockées dans la mémoire à long terme. Ce qui signifie que les informations ont dû être répétées un certain nombre de fois pour passer de la mémoire à court terme (capacité limitée à 7 +/- 2 items pour une durée d’environ 20s) à la mémoire à long terme. D’où l’intérêt de fractionner l’apprentissage pour y revenir plusieurs fois et sous différentes entrées (visuelle, auditive, sémantique).
A chaque séquence d’apprentissage, le parent interroge son enfant pour vérifier les progrès.
Lorsque les leçons sont correctement mémorisées, vous pouvez questionner votre enfant en variant l’ordre pour les listes et les tables. Attention à ne pas anticiper cette ultime étape car l’organisation spatiale et sérielle des leçons constitue une aide à l’apprentissage, le cerveau mémorisant mieux ce qui est organisé et séquencé (NB : plus la leçon est mal copiée, plus elle sera difficile à mémoriser).
Exemple de scénario « galère de devoirs »
Dimanche, 11h30. Entre le cours de piscine du samedi matin, l’anniversaire du cousin l’après-midi et la grasse matinée de ce matin, vous vous dites qu’il est temps que votre enfant se mette au travail, d’autant qu’il fait beau et que cet après-midi vous avez prévu une ballade en forêt. Concrètement, il dispose d’une heure top chrono avant de passer à table. Là, vous découvrez un peu horrifié que le prof n’avait sans doute pas un week end aussi chargé que le votre et qu’il a mis le paquet sur les devoirs… Votre petite louloute est sur un autre nuage et l’ouverture de son cahier de texte la plonge dans un désarroi total. Après deux heures de conflit, le poulet sort archi-cuit du four…
Des astuces pour éviter la crise
La crise aurait pu être évitée grâce à plusieurs petites astuces. Quand vous savez que le week end va être chargé, vérifiez dès vendredi soir le travail à faire et établissez un plan d’attaque avec votre enfant.
Fractionner et répartir
L’idée est de fractionner et de répartir à divers moments de la journée. Vous verrez que votre loupiot sera tout à fait capable de vous dire quand il préfère faire ses opérations et quand il sera plutôt disponible pour apprendre sa poésie. Pour les plus jeunes, faites des propositions et surtout évitez les longues plages de travail, improductives.
Il est important que votre enfant soit acteur de son organisation. Il la respectera d’autant plus que c’est lui qui l’a définie.
Favoriser l’apprentissage avec dynamique corporelle
Dans cet emploi du temps, tous les déplacements sont propices à l’apprentissage par cœur (poésie, tables, auto-dictée). Après les repas, c’est le moment de passer aux calculs et exercices d’encadrement, entourage, soulignage etc. Reste les devoirs écrits (en principe proscrits…) à répartir sur les deux jours ou à associer si l’enfant réagit positivement.
Annoncer l’emploi du temps et les contreparties ludiques
Lors des week-end chargés, les contraintes horaires sont fortes et ajoutent de la pression, mais elles apportent aussi des limites utiles au temps de travail ainsi qu’une motivation. « Quand tu auras fini tes opérations, nous irons à la piscine. Après l’exercice de grammaire, on met les bottes et à nous les châtaignes ! »
Ultimes conseils pour parents et enfants en galère
Malgré tout, il arrivera que certains jours, la réalisation des devoirs vous paraisse insurmontable, inadaptée à votre enfant. Encore quelques conseils :
- demandez aux autres parents ce qu’ils en pensent…vous constaterez certainement que vos angoisses sont partagées. Il pourra être alors utile d’intervenir auprès de l’enseignant. Peut-être débute-t-il et n’a-t-il pas encore ajusté ses attentes à ses élèves ? S’il fait la sourde oreille, touchez-en deux mots au directeur et demandez de l’aide aux parents d’élèves élus au conseil d’école.
- si la difficulté est ponctuelle, prenez vous même en charge le travail demandé. Je sais que ce conseil risque d’en faire hurler plus d’un (c.f. article Magic maman « Règle n°3 : ne faites jamais ses devoirs à sa place »), mais je maintiens qu’il a plusieurs avantages. Tout d’abord, il apaise immédiatement l’enfant mis en difficulté. Il se sent aidé et compris, ce qui lui redonne confiance pour la suite. Ensuite, vous lui montrez que vous ne l’abandonnez pas dans ses problèmes, mais au contraire vous y apportez une solution. Bien sûr, il ne s’agit pas de tout faire, mais d’alléger la tâche. Par exemple, vous prendrez en charge l’écriture d’un exercice, mais c’est bien votre enfant qui vous aura donné les réponses à l’oral. Pour l’apprentissage des leçons, c’est plus délicat. Privilégiez les exemples et la compréhension sur le « par cœur » (vous y reviendrez plus tard). Pour les CP, vous pouvez imaginer des petits jeux pour trouver des mots contenant les sons à apprendre. Par exemple : « le premier qui trouve 5 mots qui commencent par le son « k » dans la cuisine a gagné ! ».
- si vous estimez que votre enfant n’est pas en mesure de faire ses devoirs (il est malade par exemple), prévenez le maître en écrivant un mot dans le cahier de correspondance que votre enfant lui montrera dès son arrivée.
- si votre enfant rencontre des difficultés persistantes et qu’il se plaint de ne pas comprendre en classe, sollicitez un rendez-vous auprès de sa maîtresse afin de définir les aides envisageables.
Ces conseils vous ont-ils été utiles ? Laissez un commentaire pour partager votre expérience !