Après quelques années d’enseignement, je me suis rendue compte que les annotations et commentaires que j’écrivais sur les cahiers ou les livrets n’étaient pas toujours compris de la façon que j’aurais souhaitée…Lorsque je me suis retrouvée moi-même lectrice de ces écrits en tant que parent, je me suis posée des questions… Mais je vous rassure : comprendre un prof, c’est possible !
Le net regorge d’articles humoristiques à sujet. J’ai découvert récemment les délires de Max sur Youtube, très drôle, et visionnable par les grands, à partir de 8-9 ans. Comme préambule, cette vidéo peut aussi aider à déchiffrer l’attitude d’un enseignant…
En fait, ce n’est pas tant dans le vocabulaire utilisé, même si parfois l’usage d’acronymes peut en perdre certains (mais en général ils sont expliqués, un glossaire ici), que la finalité d’un commentaire.
En clair, il faut savoir lire entre les lignes et interpréter. Je vous propose un petit répertoire des annotations les plus fréquentes. Si vous en avez d’autres, envoyez-les moi, je me ferais un plaisir de les traduire !
Comprendre les commentaires dans les cahiers et évaluations
La plupart du temps, l’enseignant se contente d’une note (voir débat relayé par l’Express en 2014).
- soit sommative (sur 10 ou 20),
- soit appréciative (une couleur, une gommette, un code de réussite de type A (Acquis), EC (En Cours d’acquisition), NA (non acquis), ou encore TB (Très Bien), B (Bien), AB (Assez Bien), AR (A Revoir). Dans ma jeunesse, on trouvait également Pass (Passable) et Mal, j’ose espérer que ces deux-là ont disparu…
Parfois, en plus de la note, l’enfant a droit à un commentaire. Si c’est réussi, ce sera « Bravo » ou « Excellent », sinon le commentaire visera à expliquer les fautes.
Parmi les erreurs les plus fréquentes : problème de consigne, oublis, erreur d’exercice.
- consigne non respectée ou non comprise. On trouvera le commentaire suivant : « Attention à la consigne ! Relis la consigne ! Tu n’as pas lu la consigne! Ce n’est pas ce qui est demandé ! «
- un ou des oublis. On trouvera comme commentaire : » Attention, il manque un mot, une phrase ! Oubli. A compléter. Réponse incomplète «
- réalisation d’un autre exercice (erreur de numéro de page très fréquent). On trouvera comme commentaire : « Ce n’est pas le bon exercice. A refaire ! Il faut suivre en classe ! Attention, tu n’as pas écouté ! Tu n’as pas lu le tableau ! Bavardages provoquant un manque d’attention ! «
- impossibilité de mettre en œuvre la consigne par défaut de connaissance. On trouvera comme commentaire : » Tu n’as pas compris. Leçon à revoir. A refaire. Aide-toi de ton cahier pour te corriger. Demande de l’aide si tu n’as pas compris. »
Que faire quand on ne comprend pas l’erreur de son enfant ?
Jusqu’ici, aucune difficulté pour comprendre la maîtresse, mais parfois en tant que parent on ne comprend tout simplement pas l’erreur de l’enfant. Pourquoi la maîtresse a-t-elle barré alors que la réponse semble juste ? Si vous vous posez la question, il peut il y avoir deux réponses.
La première est que l’enfant n’a pas respecté la consigne. Vous avez lu une réponse juste dans un premier temps, mais lorsque vous avez vérifié, vous avez constaté qu’il fallait souligner en bleu, non pas les verbes, mais les noms communs.
La seconde possibilité est celle sur laquelle on se jette de prime abord : » la maîtresse s’est trompée « (oh la la!!!!), ce qui est bien sûr une éventualité. Au bout du vingtième cahier, il est possible que le stylo rouge parte tout seul (vous repérez d’ailleurs parfois le petit coup de pinceau du blanco…). Mais franchement statistiquement, je dirais que ça peut arriver maximum deux fois dans l’année à chaque élève, ce qui est peu au regard du volume de corrections.
A quel moment écrire un mot dans le cahier de correspondance ?
Bon mettons, vous avez lu et relu et vous êtes sûr que c’est juste. Vous avez deux possibilités :
- soit vous ne dites rien, car l’exercice a peu d’importance et l’appréciation est bonne,
- soit vous estimez que ça pénalise votre enfant et vous écrivez un petit mot dans le cahier de correspondance (voir mon article à ce sujet).
Vous allez bien choisir vos mots pour ne présenter que les faits et non en profiter pour attaquer l’enseignant sur une petite erreur !
Un petit conseil : ne prenez pas cette bévue à cœur et ne pensez pas que le prof vise votre enfant en particulier ! En général, il enchaîne les corrections cahiers ouverts et il ne relève le prénom de l’enfant qu’à la fin, s’il y a beaucoup de fautes afin de lui proposer un soutien. Donc ne partez pas dans un délire paranoïaque, vous ne rendez pas service à votre enfant. Au contraire, expliquez-lui que l’erreur est humaine et que son enseignant n’y fait pas exception. Il est vrai que personne n’apprécie d’être pris en défaut, c’est pourquoi il est de mise de rester neutre et factuel.
Exemple :
Bonjour Mme Michu,
J’ai parcouru avec attention le travail de la semaine dernière dans le cahier bleu et j’ai constaté qu’en maths ma fille avait bien réalisé l’exercice demandé. Je n’ai pas compris pourquoi vous aviez indiqué « à revoir » . Merci d’avance pour vos explications. Bien cordialement, la maman de Lou.
Collecter des informations sur les méthodes d’apprentissage
En sollicitant des explications, vous laissez la possibilité à l’enseignant de préciser des informations que vous ne détenez pas. Peut-être votre enfant a-t-il tout juste, mais n’a pas présenté son travail comme demandé (situation fréquente, surtout en maths). Les enseignants ont leur propre méthode d’apprentissage et ils incitent les enfants à suivre la progression comme ils l’ont prévu. Si votre enfant sait très bien faire les additions, qu’il ne fait aucune erreur, mais qu’il n’a pas indiqué les retenues en rouge par exemple, l’enseignant peut lui en faire la remarque.
Etre vigilant aux spécificités du codage en grammaire
De même en grammaire, l’analyse de la phrase entraîne l’utilisation de couleurs, les mots peuvent être entourés, soulignés, encadrés, on peut avoir recours à des flèches etc. Si ces codes ne sont pas respectés, l’enfant peut ne pas obtenir l’appréciation maximale, même s’il semble avoir tout compris. Ainsi, on espère que l’enfant acquerra une certaine rigueur d’analyse. Vous pouvez penser que ce n’est pas juste, que l’essentiel c’est d’avoir compris. Pourquoi pas, tout dépend de l’âge et de la capacité des élèves. Mais dans l’absolu, une fois la rigueur acquise, l’enfant progresse plus rapidement, car il possède les outils d’apprentissage lui permettant d’apprendre de façon de plus en plus autonome.
Origine de l’erreur : comprendre les causes en fonction des matières et des consignes
Parallèlement à la note, en tant que parent on s’interroge beaucoup sur le pourquoi de la faute. Comment se fait-il qu’il ou elle n’a pas compris qu’il fallait encadrer le verbe. Pourquoi écrit-il toujours « ortografe » alors que c’est au tableau. A » qui est le premier roi des Francs ? « , elle répond Emmanuel Macron. Certains éditeurs ont exploité le filon des » perles d’élèves « , sans chercher à analyser ces erreurs. Et pourtant, derrière chaque loupé, il y a une histoire, un contexte, un malentendu. Et ce malentendu peut se trouver aussi bien du côté de l’élève que du professeur.
Des micro-évènements qui interfèrent sur la concentration de l’élève
Exemple :
A une dictée de mots, un enfant semble avoir oublié une dizaine de mots. Il se fait gronder par l’enseignant pour son manque d’attention. Que s’est-il passé ?
Beaucoup « d’événements » peuvent avoir interféré avec le travail de l’élève :
- un problème de stylo (changer de cartouche en pleine dictée, c’est pas de chance…),
- une douleur au ventre (liée au stress ou non),
- une crise toux ou d’éternuements (une fois retardés, les élèves abandonnent en général).
Et si tout simplement l’enfant avait sauté une ou plusieurs pages ? Expérience vécue côté parent ! Les mots ne sont pas à la suite, mais plusieurs pages plus loin…
Dans ce cas-là, vous prenez votre plume et vous le signalez à la maîtresse pour rendre justice au travail de votre enfant !
Le saut de pages est très fréquent et occasionne parfois une certaine anarchie dans les cahiers lorsqu’il est régulier. Plutôt que de remplir à rebours les pages blanches, je préférais découper les pages écrites et les replacer en arrière pour garantir une certaine continuité chronologique.
Des élèves perplexes face à leurs erreurs
Très souvent lorsqu’on interroge les élèves sur leurs erreurs, ils ne parviennent pas à expliquer leur démarche. Ce n’est qu’avec l’expérience que les enseignants décryptent la plupart d’entre elles et lorsqu’ils échouent à les interpréter et/ou à y remédier, ils font appel au Réseau d’aide (voir mon post à ce sujet).
Les erreurs les plus fréquentes en maths
- la file numérique n’est pas bien mémorisée et le principe de la numération décimale pas bien acquis. L’enfant a du mal à passer les dizaines, puis les centaines (en CP, voire CE1). Il faut reprendre tout du début avec de nombreux exercices systématiques (compléter des séries de nombres, des droites graduées, classer et comparer les nombres)
- les opérations sont fausses car mal posées (revoir la numération décimale, les décompositions de nombres en centaines, dizaines, unités).
- les opérations sont fausses car l’enfant ne parvient pas à passer à la dizaine supérieure lorsqu’il y a une retenue. Il faut reprendre la manipulation pour montrer qu’à 9+1 on obtient un nouveau paquet de 10, désigné comme 1 dizaine.
- la retenue est bien notée mais pas ajoutée à l’addition de la colonne. Cela arrive lorsqu’il y a plusieurs retenues dans une même opération. Il faut s’entraîner pour systématiser le calcul.
- confusion sur la nature de l’opération : addition au lieu d’une soustraction par exemple. Cela arrive fréquemment lorsqu’il y plusieurs opérations mélangées. Il faut bien attirer l’attention de l’élève à ce sujet.
- les lignes d’addition sont mal organisées dans la multiplication à deux chiffres et plus. Il faut obliger l’élève à écrire un 0 ou plus en rouge.
- les tables ne sont pas sues, ce qui rend les multiplications et divisions hasardeuses… A revoir impérativement !
- le quotient est plus grand que le dividende : l’enfant a confondu ses retenues avec ses chiffres du quotient. Il faut obliger l’élève à noter séparément en rouge les retenues.
- quotient inexact. Il faut revoir les règles de vérification de l’opération : le reste doit être inférieur au diviseur. Vérifier les soustractions (les poser dans un premier temps).
Les erreurs les plus fréquentes en français
Il est beaucoup moins aisé de lister des erreurs en français car cela tient beaucoup de la compréhension des consignes (en maths aussi bien sûr, mais dans une moindre mesure).
Les règles d’orthographe, de grammaire, de vocabulaire, les conjugaisons doivent être soigneusement apprises et répétées afin d’avoir à disposition les outils pour la réalisation des exercices d’entraînement. Souvent l’enfant sait sa leçon, mais ne sait pas comment l’exploiter.
Les confusions entre les notions sont courantes car cela demande du temps pour les organiser entre elles. L’élève navigue entre le mot, la phrase et le texte et les mises en relation peuvent poser problème. On s’en rend compte à travers la lecture. En général, pour une tâche très ciblée, avec une consigne unique, les enfants réussissent leur travail. Lorsque la consigne se complexifie, le taux de réussite diminue. On a donc tout intérêt à travailler les compétences indépendamment puis conjointement pour varier les approches et laisser la chance à ceux qui ont plus de mal à progresser.
Exemple :
1 : Souligne en bleu les verbes conjugués.
2 : Souligne en rouge les verbes à l’infinitif.
3 : Souligne en bleu les verbes conjugués et en rouge les verbes à l’infinitif.
Par ailleurs, que ce soit en maths ou en français, plus l’exercice contient d’items, plus il réclame de la concentration. C’est pourquoi il y a souvent plus d’erreurs vers la fin (comme pour la copie simple). On allège alors la tâche pour les élèves en difficulté afin de maximiser les chances de réussite et encourager les efforts.
Voilà quelque pistes à mettre à jour lorsque l’occasion se présentera. Si vous avez d’autres exemples, à vos commentaires !