Où en est-on des punitions à l’école ? Oserais-je écrire : quelles sont les dernières tendances ? ! La punition à l’école c’est un peu comme la gifle, interdite mais tolérée et parfois même revendiquée par certains parents ou éducateurs. Quelques gifles ont fait le tour récemment des réseaux sociaux : le conducteur de bus RATP, l’enseignant de musique américain…
A l’école, que faire quand un élève désobéit au règlement ?
Chaque rentrée scolaire est l’occasion de rappeler les règles de vie. On passe en revue les règles de la classe et celle de l’école. Souvent, la maîtresse prépare une affiche présentant les droits et devoirs de chaque élève. Le directeur fait également coller dans les cahiers de correspondance le règlement de l’école à signer par les parents et les enfants.
Du moment que cet accord est convenu entre les deux parties, nul n’est censé ignorer la loi ! Les punitions peuvent donc « légitimement » tombées en cas d’infraction !
En dix ans de pratique, voici les punitions que j’ai le plus observées dans les écoles :
- isolement du groupe (fond de classe, porte ouverte, autre classe, bureau de la directrice),
- copie de textes ou lignes (par exemple : Je dois lever le doigt pour demander la parole.),
- conjugaison,
- rédaction,
- priver de sortie ou d’activité,
- bonne action compensatrice : travaux d’intérêt généraux (ramasser les manteaux abandonnés, les détritus de la cour etc.).
A noter, d’une part, qu’il est interdit de donner une punition collective, considérée comme injuste pour ceux qui n’ont rien fait. D’autre part, un enfant ne peut en aucun cas être puni seul, hors de la vue d’un adulte, et ce pour des raisons évidentes de sécurité.
De la punition à la sanction disciplinaire
Quand on parle de punition, le premier élément qui nous importe est la bêtise commise et son degré de gravité. Pour les profs, comme pour les parents d’ailleurs !
Pour toute bêtise « légère », une discussion avec remontrance puis explications relatant pourquoi il ne faut pas faire ceci ou cela suffit et se solde par de plates excuses.
Lorsque la bêtise s’avère plus conséquente, comme inonder les toilettes, renverser des vêtements ou des cartables, l’enseignant demande à ou aux enfants de « réparer » le bazar qu’ils ont provoqué et de présenter leurs excuses aux élèves et adultes concernés.
Enfin, lorsqu’il s’agit d’insolence, d’insultes et de violences, on isole l’élève du reste du groupe avec un travail à rendre ou une lettre d’excuses à rédiger.
Pour les cas les plus lourds, un conseil des maîtres et éventuellement la sollicitation de l’avis de l’inspecteur porte la punition au rang d’une sanction disciplinaire qui peut aller jusqu’à l’exclusion de la classe et/ou de l’école.
Bonne ou mauvaise punition ?
Les adeptes de l’éducation bienveillante argueront que toute punition est forcément contreproductive, qu’elle ne fait que rabaisser, humilier l’enfant qui subit la domination de l’adulte. Mais de quelle punition parlons-nous ?
Toute punition ayant pour objet un travail scolaire est à proscrire pour plusieurs raisons :
- risque de confusion entre travail et punition,
- risque de difficulté à effectuer cette punition et donc risque de renforcement de l’échec,
- absence de sens vis-à-vis de l’acte sanctionné. Quel rapport entre la conjugaison de chanter au futur et le fait d’avoir bousculer la dame de cantine ?
Ainsi, la fameuse conjugaison ou la copie de lignes n’apportent rien sur le plan éducatif.
En revanche, réparer sa bêtise dénote d’une démarche de réconciliation et de responsabilisation de ses actes. De même, la lettre d’excuses est sensée faire réfléchir l’enfant qui s’est mal comporté vis-à-vis d’un camarade ou d’un adulte.
Par ailleurs, la privation de sortie ou d ‘activité fait l’objet d’avis contrastés. En effet, cette mesure a un impact immédiat sur l’élève qui comprend que ses actes ont des conséquences sur les autres, mais aussi sur son propre bien-être. On espère ainsi que la « prochaine fois », il y réfléchira à deux fois… Sauf que pour certains élèves, ce type de sanction produit l’inverse. Braqué et remonté contre son enseignant, l’enfant multiplie les bêtises pour « se venger ».
Parfois ce cercle vicieux de sanction/vengeance perdure tant que la confiance n’est pas restaurée entre l’élève et l’enseignant. Il faudra trouver rapidement un moyen de renouer un lien essentiel à la vie de classe et aux apprentissages.
Cependant, tout enseignant, aussi bienveillant soit-il, se retrouve un jour confronté à un enfant difficile et à l’obligation morale de sanctionner une faute grave. Il doit alors réfléchir à la « meilleure » punition possible.
Le ras le bol des enseignants impuissants
Et c’est là que ça devient le plus ardu, voire même que certains enseignants quittent le navire faute de réponse satisfaisante.
L’école n’est pas armée pour traiter ces cas difficiles, sauf à les changer régulièrement d’établissements, jusqu’à ce qu’ils sortent d’eux-mêmes du système. L’angoisse et le sentiment d’impuissance côté enseignant sont proportionnels à la force d’inertie des inspections et du ministère de l’éducation nationale…
Alors, oui, il existe de belles initiatives dans des établissements réputés difficiles. Il y a les adeptes des ceintures de comportements, les accros aux gommettes et autres smileys, mais il ne suffit pas de dire que cela existe pour trouver une réponse à toutes les situations.
D’ailleurs, prétendre le contraire reviendrait à accroître davantage le sentiment de culpabilité des équipes. Pourquoi eux y arrivent et pas nous ? Pourquoi moi je n’y arrive pas ? Tous les cas ne se valent pas et chaque situation est singulière.
Si déjà l’institution prenait en compte les remarques des enseignants, sans instaurer des délais d’attente intenables, voire insoutenables pour certains enseignants en souffrance…ce serait déjà un premier pas. Instaurer ou relancer le dialogue avec les familles facilite la résolution des conflits, mais peut s’avérer insuffisant. Malheureusement…
A vos commentaires ! Quelles punitions à visée éducative ont fait leurs preuves dans vos classes ? Quelles « mauvaises punitions » vos enfants ont-ils essuyé au cours de leur scolarité ?