Beaucoup de parents demandent (ou aimeraient demander) aux profs une liste de « bons livres » à proposer à leurs enfants. Ca peut paraître étrange mais cet exercice n’est pas des plus faciles…
Voici en 4 points pourquoi l’enseignant de votre petit dernier vous gratifie d’une moue dubitative lorsque vous lui posez (naïvement) la question.
A moins de travailler vous-même dans l’édition et de vous y connaître dans l’actualité de la littérature jeunesse, le prof est, comme vous, perdu dans l’océan des publications.
Cependant, il dispose d’un double avantage : la formation continue et la liste officielle d’ouvrages recommandés par le Ministère de l’éducation nationale.
En dehors de ces deux outils, le maître ne se réfère qu’à lui-même pour faire ses choix. Alors pourquoi ne les partage-t-il pas ?
1) Choix des livres orienté scolaire
Chaque année, les profs choisissent à l’avance les ouvrages qu’ils souhaitent étudier avec leurs élèves. Les lectures peuvent être induites par la méthode d’apprentissage de la lecture en CP et en CE1. Par exemple, la méthode Kimamila a recours à un livre par période. Les 5 ouvrages étudiés seront donc ceux de la méthode. Pour les autres niveaux, certains enseignants ont à coeur de proposer 5 lectures pour l’année, mais ce n’est pas la règle.
Il y a quelques années de cela, les programmes mettaient très clairement en avant la littérature jeunesse, mais cette tendance s’est nettement effacée au profit d’un apprentissage plus technique de la lecture… Certains enseignants ont gardé leurs ambitions littéraires, d’autres ont diversifié les types de lectures (documentaires, informations etc.), d’autres encore préfèrent les extraits disponibles dans les recueils de lecture.
2) Un choix de livres orienté par la liste de l’Education nationale
Cette liste était un pendant incontournable des programmes de 2002 qui recommandaient de multiplier les lectures d’oeuvres intégrales. Elle reste un outil de référence et fonctionne comme un répertoire d’ouvrages dont la qualité est garantie. Cette sélection officielle pourrait être comparée au classement d’un monument par l’UNESCO ! D’ailleurs, les éditeurs ne manquent pas d’imprimer la mention « ouvrage recommandé par l’Education nationale », estampille qui vaut de l’or !
Pourquoi ne pas renvoyer directement les parents vers cette liste me direz-vous ? Mais tout simplement parce que ces ouvrages sont susceptibles d’être étudiés en classe ! Quoi de plus déprimant pour un élève que de relire dans un contexte scolaire un livre qu’il a déjà lu à la maison ? On a beau lui arguer que c’est un atout, ce n’est généralement pas vécu comme une bonne nouvelle !
Entre le gamin qui risque de dévoiler la fin et gâcher le plaisir de ses camarades et l’ennui que l’élève ne manquera pas de manifester, parfois bruyamment, les enseignants préfèrent en général garder pour eux leurs projets de lectures…
3) Lecture scolaire versus lecture à la maison
Lire un livre à la maison et lire un livre en classe sont presque des antithèses ! Au chaud sous la couette, avachi sur le canapé, assis sur les toilettes (!), allongé sur le parquet au soleil, sur la plage, dans le train, dans le jardin… Il existe mille et une façons de s’adonner à la lecture et les enfants ont l’art et la manière de sortir la Guerre des clans, Harry Potter ou Anatole Latuile n’importe où et à n’importe quel moment.
En classe c’est tout l’inverse, la lecture est ritualisée. Un horaire spécifique lui est consacré, le lieu et la posture sont imposés, l’environnement silencieux et confiné doit favoriser la compréhension, l’étude et l’écriture qui en découle. La notion de plaisir est remise en question par le seul fait que la lecture soit imposée.
L’enseignant pourra donc légitimement hésiter à influencer la lecture personnelle de son élève.
4) Difficultés à se repérer dans l’édition jeunesse
Devant l’immense masse de livres publiés chaque année, l’enseignant a de quoi s’y perdre ! D’autant qu’il n’est pas un spécialiste. Où trouver le temps pour se tenir informé de l’actualité ? Tout dépend de l’intérêt personnel du maître et de ses choix en matière de formation continue. Il est possible de se tenir relativement à jour des dernières tendances pédagogiques, mais pas nécessairement des dernières parutions. Il faut du temps pour qu’un livre se construise une réputation ! Les conseils du prof seront donc en décalage par rapport aux dernières nouveautés en librairie.
Maintenant que vous savez tout ça, vous pouvez jeter un oeil à ma petite sélection pour les enfants de 8-10 ans.
Retrouvez également ma sélection d’albums pour les 3-5 ans et ma sélection d’albums pour les 6 ans.